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Louise Louise
27 avril 2010

YSL

Rétrospective YSL

L’homme qui aimait les femmes

"J’ai toujours placé au-dessus de tout le respect de ce métier, qui n’est pas tout à fait un art mais qui a besoin d’un artiste pour exister."

Le smoking pour femme, le trench, la marinière, le caban, la saharienne, les blouses transparentes ou d’inspiration slave… Un florilège de la mode de cette saison ? Non, un aperçu des créations de monsieur Yves Saint Laurent, un des plus grands, si ce n’est le plus grand couturier du XXeme siècle. La Fondation Pierre Bergé-Yves Saint Laurent et le Petit Palais, Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris, présentent la première rétrospective sur l’intégralité de l’œuvre d’Yves Saint Laurent. Environ 300 modèles de haute couture et prêt-à-porter sont exposés, depuis les débuts du couturier chez Dior en 1958, avec la fameuse collection “Trapèze”, jusqu’à la splendeur des robes du soir de 2002.

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Ces pièces maîtresses de l’histoire de la création Saint Laurent, on pourrait les qualifier d’archétypales, tant elles sont devenues essentielles à la garde-robe de chaque femme. Empruntées aux hommes, aux costumes traditionnels ou aux habits de travail, ces pièces de vestiaire détournées ont participé à l’affirmation du style pour chacune d’entre nous, jeune ou plus âgée, classique, branchée ou même décalée… C’est de l’imagination d’un jeune homme timide et presque gauche, débarqué d’Oran pour faire ses classes chez un autre grand monsieur de la mode, Christian Dior, que tout cela va émerger… Yves Saint Laurent a littéralement révolutionné le rapport que les femmes avaient avec leur garde-robe. A l’image d’une Coco Chanel, il a débridé le vestiaire féminin en empruntant au vestiaire masculin, faisant ainsi passer les attributs du pouvoir d’un sexe à l’autre. «Pour une femme, le smoking est un vêtement indispensable avec lequel elle se sentira continuellement à la mode car c’est un vêtement de style et non un vêtement de mode. Les modes passent, le style demeure». Comme Dior revisitait la robe cocktail, Yves Saint Laurent, en presque quarante ans de création, a créé plusieurs centaines de smokings appuyant ainsi sa volonté d’affirmer la légitimité d’un vêtement qui devait conquérir le monde et devenir emblématique de son style. La révolution avait lieu dans la rue, dans les mœurs et dans les armoires. En s’inspirant de la rue mais aussi des costumes traditionnels, qu’il observait lors de ses nombreux voyages en Russie, Chine, Inde, Espagne, Japon, Afrique et Maroc, il apportait à chaque femme le choix de se choisir une image et non plus de correspondre aux diktats affichés.

Car Yves Saint Laurent était aussi, et avant tout, un esthète, un artiste, un homme raffiné qui su faire de la mode un dialogue avec l’Art, une fête, un plaisir intelligent. Dès 1959 il travailla pour le théâtre (Cyrano de Bergerac, ballet de Roland Petit), et c’est en 1965 qu’il lança une collection inspirée du peintre Mondrian. Les magazines du monde entier ovationnèrent ces créations qui rompaient les hiérarchies entre les genres artistiques. Se nourrissant des chefs d’œuvres d’autres artistes, passionné de Vélasquez, Delacroix, Monet, Van Gogh, Mondrian, Braque, Picasso, Wesselman, Poliakoff, Matisse, Picasso, Léger, Apollinaire, Aragon, Cocteau… il les collectionnait et les transformait dans son atelier, silencieux, dépouillé, immaculé, inondé de lumière et un petit bureau de moine cistercien. Son chevalet : la femme, sa palette : les tissus scrupuleusement choisis, vibrant sous ses mains et drapés sur la chair, générant vie, beauté, confort, souplesse, exaltation de l’être féminin... La collection conçue à chaque saison se révélait telle un tableau de maître… Et, de saison en saison, les tableaux variaient, se renouvelant indispensablement. La quête profonde est, au-delà des diversités nécessaires, l’approfondissement du style. Ces artistes lui ont permis de réinventer un langage, d’atteindre des structures essentielles lui permettant d’offrir pleinement aux femmes liberté et allure. Yves Saint Laurent était un architecte du quotidien, mais aussi un magicien de la nuit. Il aimait l’atmosphère des fêtes, la nuit, comme un espace hors du temps et de la réalité. Dans le dernier bal de 2002 ont défilées les robes d’une haute couture nostalgique de sa splendeur. 

Le style Yves Saint Laurent est à la fois si vaste et si unique que chaque femme a en mémoire une image fondamentale de son œuvre, chaque femme connaît son histoire, possède l’un ou l’autre de ses parfums, Opium, Rive Gauche, Paris… Chacune a fantasmé sur les trois lettres d’or entrelacées, chacune s’est vue en Belle de jour ou en Sirène du Mississipi. Toutes les femmes, vous et moi, mais aussi nos mères et nos filles, en saharienne, caban ou robe du soir, imitant le style Saint Laurent, au chic impeccable, à la féminité affirmée et malgré cela auréolé d’une grande discrétion, loin, très loin des codes outrageux de la féminité.

Valérie Bisson

Yves Saint Laurent Rétrospective

Du 11 mars au 29 août 2010

Petit Palais

Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris

Avenue Winston Churchill

75008 Paris

+33 1 53 43 40 00

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